Les statistiques d’inflation publiées aux USA ont largement dépassé les attentes des économistes avec une inflation en hausse de 0.8% en Avril sur un mois glissant et surtout 4.2% sur un an glissant soit un plus haut depuis 2008.
Cette hausse inattendue des prix à la consommation relance les débats sur une surchauffe éventuelle de l’économie US pouvant entrainer à terme une période d’hyperflation. Les marchés s’interrogent donc sur la crédibilité actuelle de la FED qui est officiellement censée ne pas modifier sa politique de taux avant 2023. Beaucoup d’investisseurs ne partagent pas cet avis et anticipent un resserrement plus rapide de sa politique monétaire.
Pour le moment, la Banque Centrale conserve en effet toujours sa vision d’un rebond temporaire de l’inflation dû à des facteurs passagers comme la croissance excessive de la masse monétaire et la forte augmentation des prix des matières premières comme le cuivre au plus haut historique à 10 200 $ la tonne soit +35% depuis 2021.
Pour assister au retour durable des hausses de prix, il faudrait en effet, que deux nouveaux facteurs apparaissent à savoir une hausse continue des salaires ainsi que des anticipations d’inflation fortes des différents acteurs économiques ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui. Après l’effet déflationniste, lié à la faiblesse de la demande en 2020 en période de crise sanitaire, le rebond actuel de l’inflation est essentiellement causé depuis le début de l’année par un manque d’offre avec des problèmes d’approvisionnement exacerbés par des mesures de précaution sanitaire dans de nombreux ports, le fret maritime représentant aujourd’hui 90% du commerce mondial de marchandises. L’exemple de hausse de 80% du prix des semi-conducteurs illustre bien cette inadéquation actuelle offre/demande avec des capacités de production asiatiques (Taiwan, Corée du Sud , Japon ) en forte contraction depuis l’apparition de la crise sanitaire alors que dans le même temps la demande des secteurs des biens électroniques et ordinateurs était en forte hausse. Les industriels de l’automobile, gros consommateurs de ces puces, estiment que cette pénurie devrait se résorber progressivement d’ici fin 2021.
En conclusion, il nous semble difficile de se prononcer aujourd’hui sur le caractère structurel ou conjoncturel du rebond de l’inflation au niveau mondial sachant que cette problématique est clairement plus d’actualité régionalement aux USA, voir en Chine ( CPI +0.9% en avril sur 1 an) plutôt qu’en Europe. Beaucoup d’incertitudes subsistent d’un coté sur une potentielle démondialisation génératrice d’inflation alors que d’un autre coté l’ubérisation croissante de l’économie restera déflationniste.
Dans cet environnement complexe à suivre de près, on doit s’interroger sur la meilleure protection de ses actifs contre cette simple normalisation ou rebond durable de l’inflation.
Dans l’hypothèse d’une simple normalisation de l’inflation, il conviendra de privilégier une diversification globale basée sur une allocation équilibrée aussi bien au niveau des classes d’actifs que des styles de gestion que de l’exposition géographique.
Pour les investisseurs craignant un rebond durable de l’inflation, les stratégies suivantes pourraient être sélectionnées :
L’or comme couverture la plus naturelle contre le risque inflationniste avec l’avantage d’évoluer de manière contre-cyclique, son cours progressant quand les marchés boursiers baissent
L’immobilier locatif comportant des conventions d’indexation sur l’inflation
Les stratégies obligataires internationales indexées sur l’inflation permettant de s’exposer non pas aux taux d’intérêt nominaux mais réels
Les stratégies actions internationales avec une exposition sectorielle 1) aux valeurs cycliques possédant un pouvoir de fixation des prix et bénéficiant d’une accélération de la consommation discrétionnaire 2) aux titres bancaires profitant d’une repentification de la courbe des taux.
Les stratégies flexibles permettant des approches de sensibilité négatives aux taux
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